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Why is the left not internationalist anymore?
by g kohler
01 November 2003 18:35 UTC
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Why is the left not internationalist anymore?

This article by Eric Le Bouger in Le Monde (01nov03) comments on a booklet
by

Suzanne Berger, professor at Massachusetts Institute of Technology,
Title: Notre première mondialisation [=Our first globalization]
Series: "La république des idées"
Publisher: Seuil


Abstract by GK based on Bouger's article: The book compares the first
globalization 1870-1914 with the second globalization of the recent twenty
years and compares the behaviour of the First World left in both periods. In
contrast to its behaviour in the first period, the strategy of the left has
been merely defensive during the second, present period. The present left is
not truly internationalist. Berger concludes that the parties of the left
demand no major sacrifice when they agitate for a cancellation of the debts
of poor countries or when they agitate for an "agricultural sovereignty".
That applies to the antiglobalization movements as well. [quote from
Berger:] "Their objectives for social justice in the world are expressed in
policies that are so cheap in terms of redistribution that they demand
hardly a sacrifice from the rich countries." [end quote Berger] The solution
for truly improving the standard of living of the poor countries is that the
rich countries must renounce the agricultural quotas and subsidies that
destroy the agricultural producers of the South. But neither the left nor
the antiglobalists demand that.

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ADVERT:
Also read G. Kohler and A. Tausch, Global Keynesianism: Unequal Exchange and
Global Exploitation (see barnesandnoble.com)
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The article from Le Monde:
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Le Monde.fr : Pourquoi la gauche n'est-elle plus internationaliste ?
        samedi 1 Novembre 2003 A la Une

            par Eric Le Boucher

            Pourquoi la gauche n'est-elle plus internationaliste ?

            LE MONDE | 01.11.03 | 12h09

Il y a eu deux mondialisations dans l'histoire. Lors de la première,

entre 1870 et 1914, les capitaux s'exportent vers les colonies, vers

la Russie, la Turquie, l'Argentine ou le Pérou, dans des proportions

bien plus importantes que lors de la seconde mondialisation, celle

ue nous connaissons depuis vingt ans.



Pour les mouvements ouvriers d'il y a un siècle, le phénomène est

positif : l'ouverture des frontières aux hommes, aux capitaux et aux

marchandises est un puissant ressort de solidarité internationale.

Aujourd'hui, c'est l'inverse. Pour tous les syndicats ouvriers, pour

l'ensemble des partis de gauche (et pour une part importante des

partis de droite), la mondialisation est un danger pour les emplois,

une menace pour le niveau de vie et, au-delà, une remise en question

du rôle de la politique, c'est-à-dire de la démocratie elle-même.



            UNE DIFFÉRENCE

Pourquoi cette différence ? Au moment où la gauche ère à la

recherche de repères idéologiques et où les mouvements anti et

altermondialisation voient leur audience croître, un petit livre de

Suzanne Berger, professeur au Massachusetts Institute of Technology,

apporte des réponses précieuses (Notre première mondialisation,

collection "La république des idées", au Seuil).



Suzanne Berger voit une grande différence entre les deux

mondialisations. Lors de la première, les mouvements migratoires

sont considérables : Irlande et Suède perdent 1 % de leur population

par an. La migration est faible durant la seconde mondialisation.

Mais Suzanne Berger voit beaucoup de ressemblances à soixante-dix

ans d'écart : des innovations technologiques qui rénovent les moyens

de transport et de communication et en abaissent les coûts, des

inventions juridiques (la société anonyme à responsabilité limitée

sépare les fonctions d'actionnaire et de gérant) et des mouvements

considérables de capitaux. Imagine-t-on que plus d'un quart de la

richesse nationale française était, en 1900, placée à l'étranger ?

La première mondialisation fait déjà l'objet d'un vaste débat

politique : faut-il ou non exporter les capitaux français ? Pour la

droite, ces placements soulignent que les profits sont devenus

insuffisants en France et trop risqués. Que l'épargne excédentaire

aille à Moscou ! Elle vient heureusement soutenir la diplomatie

nationale. La gauche aurait pu souhaiter l'inverse et estimer que

cet argent eût été mieux investi en France dans les usines et dans

des hausses de salaires. Exporter ses capitaux, c'est exposer les

ouvriers à une concurrence par l'importation. Or, déjà, ces mêmes

ouvriers souffrent de l'arrivée en masse d'Italiens ou de Polonais,

qui offrent leurs bras pour peu cher.



Mais tel n'est pas le cas. La gauche dénonce le renfort financier

apporté au despotisme du tsar et à la répression contre les frères

ouvriers russes mais elle ne s'inquiète pas de l'impact sur l'emploi

en France.



            CONTRE LE PAIN CHER

Jean Jaurès explique à la Chambre : "Je ne suis pas opposé de parti

pris à tout placement de capital français à l'étranger" (8 février

1907). Les syndicats considèrent que le protectionnisme lèse les

intérêts de leurs adhérents, souligne Suzanne Berger : "Porteurs

d'une conception du bien-être qui faisait la part belle au pouvoir

d'achat, ils dénonçaient la politique du pain cher". Cette position

de la gauche va plus loin. Elle s'enracine dans son héritage

républicain et son histoire "au cours de laquelle les républicains

s'étaient retrouvés dans le camp des libre-échangistes par

opposition au protectionnisme défendu par les réactionnaires". Elle

s'imprègne, ensuite, du marxisme et de l'internationalisation de la

lutte des classes : prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Pourquoi la gauche a-t-elle changé de camp et abandonné la

solidarité internationale ? Pourquoi est-elle devenue craintive

devant l'ouverture des frontières ? L'auteur donne trois réponses.

D'abord, écrit-elle, parce que le communisme soviétique a détourné

l'internationalisme à son profit et l'a ainsi décrédibilisé.

Ensuite, parce que, sous l'influence des associations catholiques,

la défense du prolétariat a basculé vers celle des défavorisés de

France et de l'étranger. Glissement de l'universel au paroissial :

les sans-papiers. Enfin, et surtout, parce que s'est établie la

croyance que le progrès social ne peut se réaliser qu'à l'abri des

frontières nationales. Au XIXe siècle, Ricardo et Marx étaient

d'accord : l'ouverture est source de progrès. Ce n'est plus le cas

aujourd'hui. "La gauche n'a pas de programme pour l'ouverture

économique", déplore Suzanne Berger.



            AUCUN SACRIFICE

Dès lors, la stratégie n'est plus que défensive. De

l'internationalisme disparu ne subsiste que "celui qui s'intéresse

principalement à des populations et à des sociétés qui ne sauraient

être objectivement considérées comme une menace économique pour les

intérêts des électeurs de gauche". Les partis de gauche ne demandent

aucun sacrifice majeur quand ils réclament l'annulation de la dette

des pays pauvres ou quand ils militent pour instituer une

"souveraineté agricole". Les mouvements antimondialisation ne sont

pas épargnés par cette analyse : "Leurs objectifs pour la justice

sociale dans le monde s'articulent à des politiques si peu coûteuses

en termes de redistribution qu'elles ne demanderaient guère de

sacrifice de la part des pays riches." La solution pour améliorer

vraiment le niveau de vie dans les pays pauvres est que les pays

riches renoncent aux quotas et subventions agricoles qui déciment

les agriculteurs du Sud. Mais ni la gauche ni les antimondialistes

ne le demandent.



            MARGE DE MANOUVRE

Or, ajoute Mme Berger, il est faux de croire que le progrès social

oblige au protectionnisme : c'est au cours de la première

mondialisation que furent créés les impôts sur le revenu et sur

l'héritage, et que fut installée "l'épine dorsale" de

l'Etat-providence (la journée de 10 heures date de 1900 et les

retraites de 1910). Il n'y a pas de fatalité, conclut Suzanne

Berger, les marges de manouvre politiques n'ont aucunement disparu.

On peut les estimer moins larges que Mme Berger. Mais, en tout cas,

sa critique des partis de gauche et des antimondialistes est des

plus charpentées qu'on ait lues.



            Eric le Boucher

            . ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 02.11.03





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