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Le Monde on conflict resolution

by Austrian Embassy

14 April 1999 07:04 UTC



----- Original Message -----
From: Le Monde diplomatique <info-diplo@london.monde-diplomatique.fr>
To: info-diplo <info-diplo@london.monde-diplomatique.fr>
Sent: Tuesday, April 13, 1999 3:06 PM
Subject: Il faut savoir terminer une guerre


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>     _________________________________________________________________
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>                  QUELLE ISSUE POUR LA CRISE DES BALKANS ?
>
>                   « Il faut savoir terminer une guerre »
>
>                              (13 avril 1999)
>
>
>
>http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/kosovo/
>
>     Après trois semaines de bombardements intenses, l'opération de
>     l'OTAN contre la Serbie aboutit visiblement à une impasse.
>     L'épuration ethnique du Kosovo, qu'elle prétendait empêcher, a
>     atteint une ampleur sans précédent. Le pouvoir de M. Slobodan
>     Milosevic, qu'elle prétendait affaiblir, est au contraire renforcé.
>     A vrai dire, la seule victoire remportée par les Alliés l'a été sur
>     le front... médiatique : la compassion naturelle pour les réfugiés
>     albanais du Kosovo a pris un temps le pas, dans l'opinion publique,
>     sur la réflexion politique - à des degrés divers d'un pays à
>     l'autre (1).
>
>     Mais, même projeté en boucle par les télévisions, le spectacle
>     tragique des femmes et des enfants jetés sur les routes de l'exode
>     ne suffit pas à transformer l'aventure de MM. William Clinton et de
>     ses collègues en « troisième voie » - Lionel Jospin, Anthony Blair,
>     Massimo D'Alema, Gerhard Schröder - en croisade humanitaire.
>     L'humanisme des dirigeants occidentaux paraît aussi subit
>     qu'unilatéral. A-t-on vu les bombardiers de l'Alliance s'en prendre
>     à Ankara pour libérer les Kurdes de Turquie ou réunifier Chypre ?
>     La défense des droits des Palestiniens, bafoués depuis des
>     décennies, a-t-elle amené l'OTAN à attaquer Tel-Aviv ? Les Tutsis
>     du Rwanda ont-ils été sauvés du génocide par une offensive aérienne
>     atlantique ? Et les Tibétains, doivent-ils, désormais, scruter le
>     ciel en espérant le vrombissement des avions alliés ? Non, et tout
>     cela serait évidemment absurde : comme l'est la guerre actuelle.
>
>     Une guerre pour le droit ? C'est oublier qu'elle n'a pas été
>     autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies, seul
>     organisme habilité par la communauté des nations à décider de la
>     guerre et de la paix. Pas plus qu'elle n'a été déclarée, pour ce
>     qui concerne la France, par le Parlement, qui seul,
>     constitutionnellement peut le faire.
>
>     Derrière ce paravent humanitaire et juridique, c'est d'abord à une
>     guerre américaine - assumée par les Alliés européens des Etats-Unis
>     - que nous assistons. Comme hier celle du Golfe, la guerre des
>     Balkans a, aux yeux de Washington, pour principale fonction de
>     contribuer à bâtir le nouvel ordre mondial dont rêvent les
>     Etats-Unis depuis qu'ils sont sortis victorieux, voici dix ans, de
>     la guerre froide contre Moscou. Economique avec la mondialisation,
>     idéologique avec les industries culturelles, l'hégémonie de
>     Washington doit aussi trouver sa traduction politique et
>     stratégique. A la veille du cinquantième anniversaire de l'Alliance
>     atlantique, il s'agit de mettre sur pied la nouvelle OTAN pour
>     laquelle Mme Madeleine Albright mène inlassablement campagne :
>     l'organisation défensive conçue pour protéger l'Europe contre la
>     menace soviétique deviendrait le bras armé de l'Amérique, chargé
>     d'intervenir partout où Washington le souhaite, sans plus
>     s'embarrasser du droit de veto de quelque puissance que ce soit.
>     Emue par le sort des réfugiés albanais, l'opinion française n'en
>     est pas moins préoccupée par cette évolution (2).
>
>     D'autant que les ambitions mondiales des Etats-Unis n'impliquent
>     pas qu'ils entendent résoudre au fond la crise du Kosovo. Pis :
>     avec l'opération actuelle et, a fortiori, dans l'hypothèse d'une
>     offensive sur le terrain, le nouveau cours du président Clinton
>     comporte le risque de créer dans les Balkans un chaos persistant,
>     dont les peuples de la région feront les frais et dont la gestion
>     incombera évidemment, demain, à l'Europe. Contrairement à la
>     plupart des gouvernements du continent, qui réaffirment la
>     nécessaire intangibilité des frontières, certains dirigeants
>     américains - et britanniques - évoquent désormais, après une phase
>     de protectorat, une possible indépendance du Kosovo. Or celle-ci
>     pourrait entraîner la région dans un engrenage plus catastrophique
>     encore.
>
>     Indépendant, le Kosovo serait-il viable ? A terme, ses habitants
>     albanais ne souhaiteront-ils pas s'unir avec leurs « frères » de
>     Macédoine et d'Albanie ? Mais la création d'une Grande Albanie
>     irait nécessairement de pair avec celle d'une Grande Serbie :
>     comment, par exemple, refuser aux Serbes de Bosnie ce que l'on
>     aurait accordé aux Albanais du Kosovo ? Suivrait vraisemblablement
>     la Grande Croatie. C'en serait évidemment fini des accords de
>     Dayton et, au-delà, de la Bosnie-Herzégovine. Que faire, dès lors,
>     des Musulmans bosniaques ? Et des Macédoniens ? Sans oublier les
>     revendications des Grecs sur l'Epire albanais, les visées de la
>     Hongrie sur la Voïvodine, les convoitises grecques et bulgares sur
>     la Macédoine... De quoi alimenter des décennies de combats, de
>     massacres et, bien sûr, d'épurations ethniques - celles-ci ne
>     seraient d'ailleurs plus l'exception, mais la règle.
>
>     Le truc avait déjà servi lors de la guerre du Golfe : sommer les
>     citoyens de choisir entre le dictateur et la guerre. Quiconque
>     s'opposerait à la seconde serait un partisan du premier. Comme s'il
>     n'y avait pas d'autre voie. Et pourtant, cette fois encore, il
>     existe une solution pacifique. Elle passe par l'arrêt immédiat des
>     actes de guerre contre la Serbie, la reprise des négociations, le
>     retrait des forces de répression de Belgrade, le retour des
>     réfugiés et l'élaboration d'un règlement durable, garanti
>     internationalement, pour le Kosovo.
>
>     Malgré les terribles affrontements actuels, la coexistence entre
>     les peuples des Balkans n'est pas une utopie : elle a résisté, tant
>     bien que mal, dans la Yougoslavie, pourtant bien peu démocratique,
>     du maréchal Tito. Et c'est le démantèlement de celle-ci qui a
>     replongé les Balkans dans l'horreur. Se lancer dans une
>     recomposition généralisée de la région sur une base ethnique serait
>     sans aucun doute la meilleure manière d'ouvrir grandes les portes à
>     la barbarie. Pour autant, le retour à la paix dans les frontières
>     établies ne va pas de soi. Il importe de recréer les conditions
>     indispensables pour que les populations vivent à nouveau en bonne
>     intelligence : développement économique, démocratie politique,
>     garantie des droits de chaque communauté en sont les principaux
>     piliers.
>
>     Dans le cas du Kosovo, cela suppose la présence d'une force
>     internationale chargée par l'Organisation des Nations unies et
>     l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe de
>     mettre en oeuvre le plan de paix que nous appelons de nos voeux.
>     Dangereusement humiliée par les Etats-Unis, la Russie doit y jouer
>     pleinement son rôle. Sans doute cette piste aurait-elle pu être
>     défrichée lors des négociations de Rambouillet, puis de l'avenue
>     Kléber, si les Etats-Unis n'avaient pas joué l'échec des
>     pourparlers afin de « justifier » leur guerre. Raison de plus,
>     après cette « occasion perdue » (3), pour y revenir. Et qu'enfin
>     les armes se taisent.
>
>     (1) Les opinions méditerranéennes apparaissent plus réticentes,
>     ainsi que celle de l'Allemagne, dont l'armée intervient pour la
>     première fois à l'étranger depuis 1945.
>     (2) Selon un sondage CSA publié par Libération les 10 et 11 avril
>     1999, 68 % des Français (contre 28 %) se déclarent « inquiets »
>     face au « statut d'unique superpuissance » des Etats-Unis. Et 66 %
>     estiment que ceux-ci, dans les Balkans, sont « avant tout motivés
>     par leurs intérêts politiques et militaires » (contre 24 % qui
>     invoquent la « défense des droits de l'homme et de la
>     démocratie »). Ils estiment en outre, que « l'influence des
>     Etats-Unis sur la politique française au Kosovo » est « très
>     importante » (45 %) ou « assez importante » (36 %).
>     (3) L'expression est de Newsweek (12 avril 1999) dans un
>     intéressant article sur les failles de la diplomatie américaine.
>     L'hebdomadaire cite notamment un officiel américain reconnaissant :
>     « Pour sauver Rambouillet, nous nous sommes liés de plus en plus
>     étroitement aux Albanais. Cela porta peut-être le dernier coup
>     fatal à la paix. »
>
>                                                   DOMINIQUE VIDAL.
>                             Dominique.Vidal@Monde-diplomatique.fr
>
>
>
>
>                         « Le Monde diplomatique »
>
>     * Chronologie : De la bataille de Kosovo à la bataille du Kosovo
>           http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/kosovo/chrono.html
>
>     * Nos précédents dossiers :
>
>       « A Rambouillet se joue le sort du Kosovo », 6 février 1999.
>        http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/kosovo/19990206.html
>
>       « La poudrière du Kosovo », mars 1998.
>        http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/kosovo/index9803.html
>
>     * Social-conformisme, éditorial, par Ignacio Ramonet, avril 1999.
>        http://www.monde-diplomatique.fr/1999/04/RAMONET/index.html
>
>     * Le régime serbe à l'épreuve de la guerre, un reportage de
>       Thomas Hofnung, avril 1999.
>        http://www.monde-diplomatique.fr/1999/04/HOFNUNG/index.html
>
>
>
>                                Sur la toile
>
>       Sans reprendre ici l'ensemble des sites sélectionnés dans notre
>       dossier (http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/kosovo/),
>       nous vous indiquons un remarquable article paru dans The
>       Nation, intitulé « The Case Against Intervention in Kosovo »
>       (en anglais).
>        http://www.thenation.com/issue/990419/0419schwartz.shtml
>
>       Mardi 13 avril, à 17h30, DiploTV sera consacré à la crise dans
>       les Balkans. Les archives resteront ensuite consultables sur le
>       site Internet de CanalWeb.
>        http://www.canalweb.net/cwsite/diplotv/
>
>
>     _________________________________________________________________
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